S'identifier
 

 "De l'insoutenable légèreté de l'être" : François Roustang

Ce qu'il nous faut continuer.

  • chc
  • Samedi 10/12/2016
  • 18:17
  • Version imprimable

 "De l'insoutenable légèreté de l'être"

 

 

C'est en ces mots que dernièrement François Roustang évoque, en guise peut-être de clôture de son œuvre, l'essence de la vie qu'il nous invite inlassablement à contacter, dans une forme de présence au monde libre, intense, fluide. François Roustang sans relâche incite, invite, il impose même de s'installer dans la vie telle qu'elle est, dans cette "légèreté de l'être, insoutenable parfois"; légèreté de l'être qu'il est impératif selon lui d'apprendre à percevoir, à goûter, à accueillir, à accepter. "Jamais contre, d'abord".

L'exercice de l'hypnose, qu'il illustre tout au long de ses écrits et incarne par sa posture, est une voie d'accès à cette présence au monde.

Il ne s'agit donc plus pour nous de nous arrêter à une première lecture de son œuvre, lecture qui serait linéaire et qui puiserait alors quelques principes à raisonner ou à appliquer. Il est question de continuer à lire et relire son travail. De fait, c'est ce que suggère, demande, ordonne François Roustang: lire et relire, ne pas s'arrêter à un premier regard, creuser le sillon de sa pensée, y découvrir, non pas des impensés, mais la structure même de sa pensée, ses fondements, son architecture, sa logique. Lire et relire, de son premier ouvrage sur l'hypnose, Qu'est ce que l'hypnose, où tout est déjà là, à son dernier ouvrage, Socrate, peut être en forme de testament. Lire et relire, se laisser porter par la construction de sa pensée, caractérisée par les liens tissés entre chaque concept, pensée dans laquelle chaque notion renvoie à une autre dans une forme d'interaction métaphorique de l'hypnose elle-même. Il ne s'agit pas non plus de poser une définition de ce qu'est une thérapie selon François Roustang, de modéliser quoique soit de son approche, d'extraire quelques idées ou généralités hors de leur contexte, ce serait contraire aux principes qu'il défend. Sa pensée est bien plus vaste, dépassant notre champ.

Il est nécessaire de revenir à l'œuvre de François Roustang pour en retrouver la topographie et la dynamique. Il est nécessaire encore de revenir à cette forme de posture "existentielle" qui lui est chère, aux processus qui y conduisent et aux conditions de leur effectuation. Il faut encore, il me semble, s'interroger sur la place de l'hypnose dans l'ensemble de ses réflexions. François Roustang nous incite, non pas à repenser l'importance supposée de l'hypnose dans une approche thérapeutique, mais à l'opposé, à repenser la thérapie au regard de l'hypnose: celle qui propose une autre manière d'accueillir la personne et son symptôme, celle qui propose de revoir le rôle du thérapeute s'il en est et par là, sa posture adéquate, celle dont les ingrédients définissent, par leur présence ou leur absence, le meilleur contexte qui mène à une forme d'autonomie, notion chère à François.

Si François Roustang met en cause les formes d'individualisme, les théorisations rigides, les croyances de tout bord, il rapporte son travail à une totalité, celle qui s'appuie sur tous les éléments présents en relation et invite à appréhender sereinement cette insoutenable légèreté de l'être. "Jamais contre, d'abord".

 

Sylvie Le Pelletier-Beaufond
Paris le 11 décembre 2016 - pour le Cercle

 

 

 

 

 


Mots-clés : , , ,

Plus d'articles :